LE MASCULIN L’EMPORTE SUR LE FEMININ OU L’ORIGINE DES CARACTERES SEXISTES DE LA LANGUE FRANCAISE
La langue française, considérée comme l’une des plus belles langues du monde toutefois renferme des caractères sexistes et misogynes en faisant le parcours de la grammaire de cette langue, l’institution qui est en charge de la règlementer et aussi les personnalités qui ont participé à cette règlementation. Cette langue qui veut – au regard de la grammaire – qu’un seul bébé mâle jouit d’une priorité vis-à-vis de tous ses parents féminins.
L’histoire de la langue française remonte entre les années 60 et 50 AV J.C, et bien que cette langue est accusée d’avoir charrié toutes les caractéristiques du sexisme dans l’expression du langage, la grammaire, qui influence et qui participe fortement à la création de constructions sociales basées sur la suprématie du genre masculin, l’importance du masculin sur le féminin remonte à plus de 2.000 ans Av. J.C dans les tentatives des hommes à trouver une explication à la création du monde à partir des récits mythiques.
La plus ancienne histoire connue sur la création du monde nous est apportée par les sumériens de la Mésopotamie (actuel Irak) vers 3.000 ans avant notre ère, histoire dans laquelle, on a pu apprendre qu’une figure féminine a participé à la création du monde, et mettant en avant le dieu An qui créa le ciel, son fils Enlil qui créa la terre et Enki, plus connu sous le nom de Aya dans les langues sémitiques antique comme l’akkadien, créa l’océan. An-Ki, où An (masculin, le ciel) et Ki (féminin, la terre) ont conçu d’autres dieux qui participent à la création du monde et des hommes.
1.500 ans plus tard en Palestine, la Bible Juive ou Tanakh (le tout début de l’Ancien Testament que nous connaissons aujourd’hui), raconte la création du monde et des hommes en copiant scrupuleusement le modèle sumériens qui leur avait été apporté par voie orale vu la proximité géographique et l’influence de la Mésopotamie à l’époque. En effet, dans l’histoire de la création apportée par la Bible, bien qu’inspirée de la version sumérienne, on a pris le soin d’enlever la figure féminine pour la remplacer par un Dieu unique masculin: Dieu qui créa les cieux et la terre selon le livre de la genèse.
Et plus tard encore, soit 700 ans Av. J.C, dans la Grèce Antique, Hésiode produisit sa théogonie dans laquelle est décrite la naissance du monde et l’origine des dieux, et cette fois, il y eut encore des figures féminines dans la naissance du monde, ce qui ne sera pas perçu comme un avantage significatif puisque la religion juive, monothéiste, plus puissante et plus influente notamment à la fin du premier siècle après Jésus Christ, où la Grèce Antique et la Rome Antique partent à la conquête de l’Europe imposer le christianisme, ils ont eu l’opportunité de décimer des civilisations à base polythéiste afin d’imposer le christianisme monothéiste, fondamentalement machiste […], par conséquents, des textes sacrés qui rapportent que le genre féminin aurait participé à la création du monde n’ont plus aucune valeur…
Et la langue française, se démarque – dans une longue chronologie marquée par ces guerres, ces conquêtes de territoires et l’influence du Christianisme – du latin vulgaire, du picard et des autres langues d’oïl pour donner le français classique, mais tout en gardant le caractère misogyne typique au christianisme tiré des religions judéo-chrétiennes, où la femme ne jouit pas d’une représentativité importante.
Ainsi, les larges efforts des grammairiens pour masculiniser la langue française n’a rien à voir avec les évolutions phonétiques, morphologiques ou syntaxiques de la langue, il s’agissait plutôt de profiter de l’occasion pour renforcer le caractère masculin de la langue, acquis grâce aux fondements de la religion chrétienne bien avant le XVIIe siècle, qui renforce la suprématie du masculin au détriment du féminin. Si Dieu est masculin, alors le monde gravite autour des valeurs masculines et que le féminin ne joue qu’un rôle accessoire, parfois même pas nécessaire du tout, surtout quand il s’agit de la noblesse de certaines positions, concepts et privilèges.
Le coup parfait est porté au XIXe siècle avec la fameuse règle imposée « Le masculin l’emporte sur le féminin » marquait le point de non-retour à une langue égalitaire à l’égard du genre.
C’était le moment parfait pour procéder à la virilisation des noms de métier entre autre, sur les usages qui prévalaient en matière d’accords dans la grammaire, etc.
Bien avant, le féminin a été perçu comme passif, où plus tard, vers le XVIIe siècle, le masculin a été considéré comme le genre le plus « noble » et prévaut tout seul contre deux féminins, l’origine de la fameuse règle qui stipule que « le masculin l’emporte » par Claude Fabre de Vaugelas, membre de l’Académie Française, 1647.
Nicolas Beauzée, un autre grammairien de l’Académie française, pour renforcer cette règle justifie que « Le genre masculin est réputé plus noble que le féminin à cause de la supériorité du mâle sur la femelle« . Vous comprendrez bien pourquoi ces règles absurdes ont pu passer comme une lettre à la poste dans la société sans choquer personne […]
– Premièrement, La France, catholique d’alors fut sous le poids des valeurs de la religion juive qui veut que l’homme soit supérieur à la femme.
– Deuxièmement, l’Académie française fondée par un des plus illustres produit de la religion catholique de l’époque, Armand Jean du Plessis de Richelieu, dit le cardinal de Richelieu, n’a accepté les femmes en son sein qu’en 1980 alors qu’elle fut fondée en 1635. C’est-à-dire, durant cette époque où les femmes n’avaient aucun droit et que les hommes décidaient de tout, c’est carrément normal que cette institution fondée par l’Église reflète les valeurs chrétiennes inculquées par la Bible.
Les tentatives pour les femmes d’aller à l’encontre de ce principe sexiste ont toutes été vaines. Déjà en 1789, lors de la Révolution française, elles demandaient à l’Assemblée nationale que « Tous les sexes et tous les êtres doivent être et sont également nobles« . Il va sans dire que les hommes ont joué les sourdes oreilles puisqu’aujourd’hui encore, cette règle de grammaire est enseignée à tous.
Le vide est vite rempli plus tard encore, vers le XIXe siècle, quand le substantif est identifié au masculin et que le féminin est formé accessoirement à partir du masculin. L’ « enfant » qui fondamentalement n’a pas de « genre » est préalablement identifié masculin jusqu’à preuve qu’il s’agisse d’une fille.
Aussi depuis toujours, dans les grammaires et les dictionnaires, le masculin paraît être l’unique donnée de la langue et le féminin une sorte d’artifice. On se rappelle que selon une certaine version de la Genèse Eve aurait été « créée » à partir d’une cote d’Adam. Et bien c’est ainsi que les mots féminins sont construit à partir du substantif qui lui, est toujours masculin.
La masculinisation des métiers a depuis toujours été systématique. Cela ne faisait pas seulement la différence entre la capacité de l’homme et celle de la femme, mais revêt plutôt d’une démarche à remettre la femme à sa position subordonnée: un être cosmétique. Voilà pourquoi, malgré tous les efforts qui ont été faits afin de féminiser certains noms de métier dans la langue française, beaucoup restent encore sans valeur féminine, par exemple des métiers comme médecin, pompier, etc. Et ceux qui ont eu une version féminine, on les utilise rarement car les sociétés sont confortablement installées dans l’inconscience collective qui veut que le mâle soit prédominant. En effet, cela ne choque personne d’entendre Madame LE Président, Madame LE Député ou Madame LE Premier Ministre. C’est le message clair qu’une femme n’est pas à la hauteur de ces positions, on doit la transformer en homme […]
Louis-Nicolas Bescherelle, l’homme qui donna son nom au livre sacré par tous les professeurs de français, écrit quelques siècles plus tard dans son ouvrage La grammaire nationale : « La masculinité annonce toujours une idée grande et noble ».
Davy Borde, dans son ouvrage « Tirons la langue » démontre le caractère sexué du vocabulaire français en soulignant que le terme « femme » a une connotation sexuelle en précisant que de nombreux adjectifs ou noms communs renvoient au sexe lorsqu’ils sont mis au féminin par exemple : masseuse, cochonne ou encore garce, féminin de gars !
La comédienne Catherine Arditi nous révèle quelques transformations de noms masculins avec une connotation sexuelle quand ils sont mis au féminin, je rapporte :
– Un courtisan, c’est un homme que l’on voit auprès du roi, une courtisane, c’est une pute !
– Un entraineur, c’est un homme qui entraine les sportifs, une entraineuse, c’est une pute !
– Un homme facile, c’est un monsieur agréable à vivre, une femme facile, c’est une pute !
– Un homme public, c’est quelqu’un de connu, une femme publique, c’est une pute !
– Un professionnel, c’est un homme carré, sérieux, une professionnelle, c’est une pute !
Je profite pour vous rapporter cette phrase tirée d’un travail réalisé par un groupe d’étudiants sur le sexisme de la langue française :
Bien entendu, la lecture du meilleur texte sur la question du sexisme ne fera pas avancer d’un iota les choses si les pratiques concrètes et quotidiennes ne changent pas, mais mettre des mots sur ces pratiques est parfois un premier pas pour ne plus les subir, pour s’en défaire ou pour les remettre en cause, du moins espérons-le.
Joseph LÉANDRE
Octobre 2018
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